En 2018, le taux d’absentéisme dans les entreprises du secteur privé a atteint 5,10 %, soit 8 % de plus qu’en 2017. Depuis plusieurs années il ne cesse de grimper. La facture est lourde. En France, le coût de l’absentéisme est évalué à 107 milliards d’euros. Pourtant malgré le vieillissement de la population, l’absentéisme n’est pas une fatalité explique Harmonie Mutuelle.
« Prendre en compte et prévenir l’absentéisme au travail est une opération bénéfique pour tout le monde. Non seulement les salariés se sentiront mieux, mais l’entreprise y gagne en termes de productivité », souligne Claire Desaché, responsable du service prévention à Harmonie Mutuelle pour la région Atlantique.Le constat interpelle. Selon le baromètre annuel du cabinet de conseil Ayming, le taux d’absentéisme dans les entreprises du secteur privé en 2018 a atteint 5,10 %, soit 8 % de plus qu’en 2017. En moyenne, un salarié s’est absenté 18,6 jours en 2018 contre 17,2 l’année précédente. Une tendance à la hausse qui semble structurelle.
Des arrêts plus longs chez les seniors
Si les seniors sont particulièrement concernés par l’absentéisme c’est principalement en raison de leur santé ou de leur statut d’aidant. Les arrêts sont donc généralement plus longs. Les jeunes en revanche ont des arrêts plus courts mais plus fréquents. Généralement en cause : une démotivation ou une difficulté d’intégration. Par ailleurs, d’une manière générale, quel que soit l’âge, le taux d’absentéisme des femmes est supérieur à celui des hommes (5,73 % contre 3,83 %). En cause, la vie de famille, la gestion de la charge domestique des enfants ou des proches vieillissants. Le rôle d’aidant familial qui pèse aussi souvent sur leur santé.
Des absences qui ont un coût direct…
Selon 44 % des salariés interrogés dans le cadre du baromètre Ayming, aucune action n’est mise en place au retour de l’absence (adaptation de poste, phase de réintégration, entretien…). Les entreprises ont donc encore du mal à répondre à cette problématique et même à en mesurer l’impact sur leur activité. « Pourtant les coûts sont importants tant pour l’entreprise que pour la société, commente Claire Desaché. Entre le maintien de salaire de l’employé absent, la rémunération et la formation d’un remplaçant ou encore les heures supplémentaires des collègues confrontés au surplus de travail, les coûts directs sont réels. Sans oublier les coûts de gestion induits (administration, recrutement) et l’impact sur le coût de la protection sociale ».
…et un coût indirect
Ces absences, qui ne sont pas toujours remplacées, ont aussi un impact négatif sur le climat social de l’entreprise : les collaborateurs peuvent être plus stressés ou fatigués, et du coup plus exposés aux risques psychosociaux ou d’accidents. Des conséquences sur la productivité de l’entreprise ou encore la qualité de la production peuvent encore entraîner un manque à gagner. Selon une étude de l’institut Sapiens, le coût de l’absentéisme s’élève à plus de 107 milliards d’euros par an en France. « C’est pourquoi il est essentiel d’agir et de prévenir cet absentéisme dysfonctionnel, soit celui directement lié à la qualité de vie au travail », estime Claire Desaché.
Dans ce domaine, Harmonie Mutuelle a lancé un programme spécifique pour les entreprises : la Santé gagne l’entreprise. Tout commence par la mise en place d’un comité de pilotage qui, dans le cadre d’une démarche collaborative, se doit de réunir tous les acteurs, de la direction aux représentants du personnel. Il s’agit d’établir un diagnostic objectif en regardant, le taux d’absentéisme, sa saisonnalité, son évolution dans le temps, la durée et la fréquence des absences, les phénomènes de rechute…« Cette cartographie permet de définir le “quoi”. Ensuite, il faut déterminer le “pourquoi”. Une étape plus complexe », note Claire Desaché.
Un kit pour analyser la nature des absences
Pour accompagner les entreprises à identifier et comprendre les mécanismes qui conduisent les salariés à s’absenter, en fonction du temps ou de la nature de l’absence, Harmonie Mutuelle a mis au point un kit pédagogique, contenant notamment des outils explicatifs de statistiques. Une fois l’absentéisme analysé, la mutuelle peut accompagner les chefs d’entreprise à concevoir un plan d’actions grâce à ses experts santé, des modules d’e-learning, du coaching en santé/qualité de vie au travail. Un article du Code du travail oblige déjà les entreprises à évaluer les risques et à mettre en place un plan d’actions. Concrétisée par un Document unique d’évaluation des risques professionnels DUER ou DUERP, cette démarche est souvent perçue comme contraignante par les entreprises alors qu’elle peut devenir un levier de croissance.
Sensibiliser les salariés aux questions de santé
L’objectif est d’offrir aux collaborateurs les moyens de devenir acteurs de leur santé sur leur lieu de travail comme dans leur vie personnelle. Comment ? En les accompagnant, au travers d’ateliers de sensibilisation, à agir sur des questions d’alimentation, de sommeil, d’activités physiques, de lutte contre le tabac et les addictions. « En ce moment, le droit à la déconnexion est aussi un point important à aborder, complète Claire Desaché. Avec les smartphones, les frontières entre vies professionnelle et personnelle sont de plus en plus poreuses. Or, il est essentiel de pouvoir faire une pause sans que cela engendre un stress. »
Favoriser la conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle
Des solutions existent aussi pour répondre à des problématiques plus spécifiques. « Concernant les jeunes parents, plusieurs pistes existent comme favoriser l’obtention de places en crèche, la mise en place d’horaires flexibles ou encore le télétravail indique Claire Desaché. Il faut aussi accorder une attention particulière aux familles monoparentales, qui représentent désormais 23 % des familles et peuvent également être confrontées à des difficultés financières ».
Ces dispositifs, qui peuvent prendre la forme d’une Charte de parentalité en entreprise, ont aussi pour effet d’apporter une meilleure considération aux femmes actives. Des primes de naissance ou encore un accompagnement RH adapté constituent aussi de bons moyens d’action pour améliorer la qualité de vie au travail. « Pour les aidants, la mise en place d’horaires adaptés ou le télétravail sont aussi intéressants »,poursuit Claire Desaché. Il s’agira également de les informer sur les différents dispositifs de congés auxquels ils ont le droit sans le savoir parfois. Harmonie Mutuelle est aussi partenaire de Ressources Mutuelle Assistance qui, précisément, peut offrir tout un éventail de conseils et d’accompagnements aux aidants. « D’une manière générale, la clef est d’être à l’écoute des collaborateurs, conclut Claire Desaché. À partir de là, les moyens d’action sont toujours gagnant-gagnant ».
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